C’est quelques jours après l’euphorie du combat de boxe entre Martin Bakole et Tony Yoka livré en France, que l’opinion congolaise découvrira une autre pépite au bout de l’Afrique, en Afrique du Sud.
Il s’agit là de Patrick Mukala Mukala, boxeur congolais qui s’est illustré à Johannesbourg par une victoire le jeudi 26 mai 2022 sur un coup K.O au 3ème round. Défaite qu’il a infligé à un autre compatriote Jimmy Mabudji. Cette victoire a placé désormais Patrick MUKALA dans le Top 10 des pugilistes africains.
Afin de le découvrir, le champion d’Afrique WBO Patrick Mukala a accordé une interview exclusive à la rédaction de la Force Stratégique de la République, par laquelle il retrace son élogieux parcours jusqu’à ce jour.
Rédaction : Bonjour cher compatriote Patrick Mukala, merci de nous accorder cette interview exclusive. Pouvez-vous nous dire qui êtes-vous ?
Champion : Bonjour FSR, c’est moi qui vous remercie de l’intérêt que vous avez accordé pour approcher votre compatriote que je suis.
Je suis Patrick MUKALA MUKALA, de nationalité congolaise, né à Mbuji-Mayi le 23 janvier 1995.
Actuellement, je suis boxeur professionnel de la catégorie super moyen, évoluant en Afrique du Sud. Je pèse 76Kg, avec 1,75m de taille. Dans mon palmarès des combats professionnels, j’enregistre à ce jour 15 combats dont 12 gagnés par K.O, 2 perdus et un nul.
Rédaction : Comment furent vos débuts en boxe ? D’où vous est venue cette passion ?
Champion : C’est une histoire assez étrange qui va sûrement vous étonner. Ce n’était pas par ma propre volonté que j’ai choisi de faire la boxe.
Tout a commencé à mon école, où j’étais le plus fort en bras de fer. Certains de mes collègues s’arrangeaient après les cours pour venir me défier.
C’est alors que deux d’entre eux sont allés s’inscrire à Las Vegas de Mbuji-Mayi, un centre d’apprentissage de boxe.
Un jour, devant notre magasin, je vois venir mes deux collègues, munis de gants sur les épaules. L’un d’eux me dira en exhibant ses gants : « Patrick, si tu veux qu’on puisse se battre, vas prendre ton inscription au centre de boxe. Plus question de combat dans la rue. Comme ça, tu te battras là avec nous ».
Ayant approché mon père pour lui formuler cette demande pour m’inscrire au centre, ce dernier voudra plutôt me pousser à pratiquer le Karaté, chose que je ne voulais pas. Au bout du compte, j’ai su le convaincre pour la boxe et il accepta.
3 mois après que j’aie débuté avec les entraînements, je donnais de l’argent en cachette à mon coach afin de m’aligner au sparring avec mes collègues.
Un jour, toujours lors des entraînements, mon coach va m’inviter à monter sur le ring avec l’un des mes collègues, Deo. Après nous avoir enfilé les gants, il nous dit : « Patrick, Deo, SPARRING ! ». J’étais tellement excité pour cette première expérience que j’allais réaliser à travers ce sparring.
Malheureusement pour mon ami Deo, je l’avais littéralement mis K.O ce jour là. Il ne savait plus se mettre sur ses deux jambes. C’est là que tout a commencé, que jusqu’à ce que ma carrière m’amène ici.
Rédaction : Et qu’en est-il de vos deux amis ? Sont-ils aussi des professionnels de boxe aujourd’hui au même titre que vous ?
Champion : Non. Ils ont arrêté et se sont lancés dans autre chose.
Rédaction : Quels sont les titres que vous possédez ?
Champion : Actuellement, je possède le titre de WBA (World Boxing Association), le plus grand titre au top et influent en Afrique en ce moment. Je l’ai défendu sur 5 combats et j’en suis à ce jour invaincu.
En 2017, j’ai été consacré à titre honorifique meilleur boxeur de l’année par le Veteran Boxing en Afrique du Sud.
Rédaction : Pouvez-vous nous parler de votre honneur personnel obtenu du Veteran Boxing ?
Champion : En fait, le Veteran Boxing est une association regroupant tous les anciens boxeurs professionnels d’Afrique du Sud. En 2017, au vu de mes réalisations, ils ont jugé bon de me plébisciter comme meilleur boxeur de l’année évoluant en Afrique du Sud. C’était vraiment un honneur pour moi de voir tous ces aînés dans la profession me reconnaître en tant que tel.
Rédaction : Quels souvenirs gardez-vous de vos 5 victoires du WBA ?
Champion : Je garde de ces victoires des souvenirs meilleurs. Toutes étaient des expériences particulières, avec des hauts et des bas.
C’est en 2017 que je suis titré pour la première fois. Au cours de la même année, j’ai défendu cette ceinture et je l’ai gagné. En 2018, je l’ai aussi défendu 3 fois sans la moindre défaite.
Le souvenir le plus sombre que je garde est celui de 2019. Alors que j’étais détenteur d’un autre titre IBO (International Boxing Organization), je n’avais pas pu le conserver parce que je combattais contre un Sud-Africain de race blanche. J’ai été trahi par ma team (mon équipe). C’est ainsi que j’ai décidé de changer de club.
Actuellement, j’évolue avec Jodi Salomon, un très bon entraineur avec beaucoup d’ambition, qui est en partenariat Roy Jones JR, une légende américaine de la boxe.
Et depuis, mon avant dernier combat remontait en 2019. Je suis donc resté 2 ans durant sans pour autant monter sur le ring à cause de la crise sanitaire due à la Pandémie de Covid-19. Je retrouvais le chemin du ring le 26 mai dernier face à Jimmy, que j’ai battu par K.O au cours dub3ème round.
Rédaction : Quel est votre point de vue sur la Boxe en République Démocratique du Congo ?
Champion : La boxe en République Démocratique du Congo n’attire malheureusement pas l’attention des autorités ou de la fédération comme on le voit sous d’autres cieux. Ici en Afrique du Sud, par exemple, ils investissent des millions pour ramener les yeux du monde sur leur boxe. Des stars telles que Floyd MayWeather sont venus ici pour le lancement des championnats et ainsi de suite. Vous sentez donc une envie des autorités sud-africaines de redorer l’image de leur boxe.
Je demanderai à notre Gouvernement de pouvoir d’emboîter le même pas, d’augmenter le budget alloué au Ministère des Sports, plus particulièrement dans la rubrique « Boxe », afin d’aider les talents qui errent au pays sans encadrement pour les présenter ensuite aux yeux du monde.
Rédaction : Considérez-vous donc que notre boxe mérite encore beaucoup de choses à revoir pour s’ouvrir à l’international ?
Effectivement. Notre boxe mérite une redynamisation, un souffle nouevau. Figurez-vous que depuis le combat d’Ali Mohammed et de Georges Foreman, aucun autre combat d’une si haute facture n’a été organisé en RDC avec des stars mondiales de la boxe. Il n’y a qu’à l’avènement du Président de la République Félix TSHISEKEDI que nous avons vu une petite volonté de nos autorités de s’intéresser à la boxe à l’occasion du combat livré à Kinshasa par Junior MAKABU.
Que donc, la fédération congolaise de boxe devrait envisager des collaborations avec des stars, actifs ou non actifs, tels que Mike Tayson, et même avec la star Roy Jones que je suis même prêt à amener au pays si les arrangements sont favorables pour cette démarche.
Rédaction : Connaissez-vous Junior MAKABU ?
Champion : Junior MAKABU, je le connais très bien. En plus d’être un grand frère pour moi, Junior MAKABU est aujourd’hui une référence de la boxe congolaise. Pour parler de mon expérience personnelle avec lui, j’ai eu à le venger dans un combat que j’ai livré avec le boxeur qui l’avait battu lors son premier combat en Afrique du Sud. Je me rappelle qu’il était même présent ce jour là.m pour me soutenir.
Parlant de son parcours professionnel, Junior est aujourd’hui l’honneur de la RDC à travers le sport de la boxe. Il est la preuve qu’au Congo, il y a du talent pour avoir remporté le prestigieux titre mondial de la WBC (World Boxing Council) qu’aucun congolais, même des anciennes époques, n’avait pu remporter auparavant. Il est une motivation et un bon exemple pour tous les jeunes boxeurs congolais aujourd’hui.
Rédaction : Et Martin BAKOLE, le connaissez-vous ?
Champion : Mon compatriote et frère Martin est une autre fierté que le monde a découvert après la lourde défaite qu’il a infligée dernièrement au boxeur français Tony Yoka. C’est un bon boxeur de la catégorie poids lourd, avec un parcours et un talent uniques. J’espère qu’il continuera toujours à prouver de quoi il est capable. Je pense qu’il sera un jour champion du monde de la boxe.
Rédaction : Et pour parler de Patrick MUKALA, bénéficiez-vous du soutien de nos compatriotes congolais ?
Champion : Bien sûr que oui. Chaque fois que j’ai combat, nos compatriotes congolais vivant en Afrique viennent nombreux pour me soutenir. Sauf que, à ce jour, je n’ai jamais bénéficié d’un soutien quelconque, direct ou indirect, de nos autorités, même pas celui de notre Ambassadeur d’ici en Afrique du Sud.
Rédaction : Avez-vous un message à faire passer aux autorités congolaises ?
Champion : Oui. Mon message est que nos autorités congolaises puissent soutenir notre boxe et y investir beaucoup de moyens. Le sport, ce n’est pas seulement le foot. Il y beaucoup de disciplines qui méritent une attention tout aussi particulière. Nombreux de nos jeunes congolais possèdent du talent, mais souffrent d’encadrement faute de moyens, et ne bénéficient pas de la chance que nous autres avons eue. C’est ce qui fait que leur talent ne brille pas aux yeux du monde.
Je demanderai également à nos autorités de soutenir nous autres qui évoluons à l’extérieur du pays car nous représentons valablement la nation congolaise toute entière. Nous réalisons parfois des exploits avec des moyens de bord trop insuffisants. Parfois, ne fut-ce que la présence de nos ambassadeurs partout où un compatriote représente la nation dans des différents disciplines suffirait. Cela peut nous donner beaucoup plus de courage et de motivation.
Rédaction : Patrick MUKALA, champion d’Afrique du WBA, nous vous remercions.
Champion : C’est moi qui vous remercie chère Force Stratégique de la République pour ces échanges et reste disposé pour vous quand vous le souhaiterez. Par la même occasion, je vous encourage à ne pas cesser de promouvoir nos compatriotes, chacun dans son domaine. À très bientôt !
(Rédaction)
1 Comment
Johnny Monji
Mon frère ! Mukala on se voit très bientôt, très bel interview.