« Cher Venant, deux ans déjà depuis que tu as disparu ! Votre cas et celui des autres camarades disparus et assassinés ainsi que ceux injustement emprisonnés depuis 2010 jusqu’à aujourd’hui justifient notre lutte pour l’établissement de État de droit dans notre pays. », rapporte le tweet de la Présidente des Forces Démocratiques Unifiées, l’opposante Victoire Ingabire Umuhoza, en mémoire de deux ans de disparition de l’un de ses partisans, Venant Abayisenga.
À la lumière de toutes les accusations portées ce jour contre le régime rwandais actuel, tant pour ses exactions à l’endroit de ses propres administrés que sur les agressions des Etats voisins, notre rédaction de la Force Stratégique de la République a effectué une enquête sur la tragique disparition de cet opposant au régime de Paul Kagame.
Venant Abayisenga, victime d’un régime anti-opposant de Kigali
Du Professeur Christopher Kayumba à Paul Rusesabagina, de Kizito Mihigo à Theonese Nsengimana en passant par Sylvain Sibomana, telle est la liste non exhaustive des opposants ayant bénéficié du châtiment de Paul Kagame notamment par des pseudo-procès, coups montés, tortures, assassinats.. À cela s’ajoute la tragique disparition de Monsieur Venant Abayisanga un certain 06 juin 2020.
Des informations tirées de deux médias en lignes rwandais (lerwandais.com et jambonews.net), la biographie sombre de Venant :
Né le 10 juillet 1989 au Rwanda, Venant Abayisenga a ou aurait eu 33 ans ce 10 juillet 2022. Il avait à peine un an lorsque la guerre a éclaté au Rwanda le 1er octobre 1990, et il était enfant durant toutes les années où le pays a sombré.
En 1995, à seulement 6 ans, il assiste à l’assassinat sauvage de sa mère par les militaires de l’APR à Nyabirasi dans le Nord-Ouest du Rwanda. Son petit frère, à peine âgé d’un an et quatre mois est également assassiné sur le dos de sa mère.
En 2012, à 23 ans, il décide de s’engager en politique en rejoignant cette nouvelle génération de Rwandais qui souhaite prendre son destin en mains en ayant son mot à dire sur la reconstruction du pays.
En juin 2013, à l’âge de 24 ans et quelques mois seulement après ses débuts en politique, il est victime de sa première grande mesure de persécution politique lorsqu’il subit un emprisonnement arbitraire d’un an et demi.
Il retrouve la liberté en décembre 2014 et, loin d’avoir été brisé par ce séjour en détention, il décide de poursuivre sa lutte politique pour un Rwanda respectueux des droits de chaque citoyen.
En septembre 2017, quelques semaines seulement après les élections présidentielles remportées par le général Kagame avec un score stalinien de 99% des voix, il est victime de la « répression politique post-électorale » au cours de laquelle de nombreux opposants sont emprisonnés.
Dans l’ombre de l’emprisonnement très médiatisé de Diane Rwigara et sa famille, il entame son deuxième séjour en prison.
A seulement 28 ans, et après le harcèlement et l’emprisonnement, il va expérimenter une autre grande mesure de l’appareil répressif du régime du FPR contre toute voix dissidente: la torture. Puisqu’à peine arrêté, il est transféré« chez Gacinya » à Gikondo, un lieu tristement célèbre pour le sort qui y est réservé à ceux qui y sont détenus.
Le 23 janvier 2020, après cette nouvelle détention de deux ans et demi, il est acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui et libéré sur le champ, en compagnie notamment de Theophile Ntirutwa, son co-détenu et camarade de parti.
Le 6 juin 2020, moins d’un mois après que Théophile Ntirutwa ait survécu à une tentative d’assassinat, il va expérimenter une autre grande mesure de l’arsenal répressif du régime du FPR : la disparition forcée.
A seulement 30 ans, alors qu’il avait quitté son domicile pour quelques minutes afin d’acheter des unités pour son téléphone, il ne reviendra pas.
(La Rédaction)